Les totems de l’aube*
« je vous salue tapcals disséminées de l’arbre originel » ́ B. Gamaleya
"J’ai eu envie d’entendre les murmures et les fracas de l’île avant l'arrivée des hommes, avant les géants, ́«avant que ne s’ouvrent les fenêtres de montagne», «avant les dieux», et de mettre en écho ces polyphonies gamaleyennes avec quelques propositions d'artistes aux gestes tenus.
Le titre de l’exposition fait ref́erence ́ à Vali pour une reine morte de Boris Gamaleya : « Raharianne, tu n’es point l’armistice des capsules du vent ni mausolée pour les totems de l’aube ».
Observer, récolter, dessiner, graver, sculpter, écouter, sentir, résister, offrir, soigner les corps et les esprits, soigner la terre... L’exposition met en dialogue des propositions qui portent une attention fervente et poétique au lieu comme espace habitable. Elle deplie les endroits et les jardins, nous ́plonge dans la structure moléculaire des plantes, dissémine des colonies minuscules d’un « jet d’aile» de papillon, nous entraîne dans les mouvements structurels du vivant, soulevé la peau des montagnes à la recherche du cœur bleu de la roche mère et des reflets de la lumi ̀ ere dans le mica ̀ et l’olivine... Les nuages s’amoncellent, les brumes s’accrochent aux remparts et « le ciel vagabonde » pendant que bruissent sur les pentes la course ardente du magma vers l'océan, le ́craquement des scories, alors que la mer ressasse infiniment « une alliance profane où le vent prévisible se conjugue au ka ́ sanm inouï de l'ambrevade ».
L’exposition se veut active et tente d’ouvrir « des failles entre nous et ce qui est plus grand que nous », en revisitant les mythes sacrés du barldon reliés ́ à la géoḿetrie du vivant, et en activant les gestes du soin par les tisanes, du don et de la réparation. Aux rumeurs sourdes qui emmuraillent ́et aux agitations guerrières du monde, opposer les murmures des remparts, le vent frais des ravines, « une tête de lune saupoudrée d'étoiles » ́ et quelques zerbaj à boire en tisane pour soutenir le corps et l’esprit.”
Patricia de Bollivier



“Onirisme du plein jour” - 2024
